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LE PILOTE DU DANUBE.

Karl Dragoch était stupéfait d’une telle virtuosité. Toutefois, il fallait bien se rendre à l’évidence, les malfaiteurs prouvant eux-mêmes par des attentats leur descente vers l’aval.

La seule conclusion à tirer de ces faits, c’est qu’il convenait de se hâter. Le lieu et la date du dernier vol signalé indiquaient que ses auteurs avaient moins de trois cents kilomètres d’avance. En tenant compte du temps pendant lequel Ilia Brusch avait été immobilisé, temps que la bande du Danube avait certainement mis à profit, il fallait en inférer que sa vitesse était à peine la moitié de celle de la barge. Il n’était donc pas impossible de l’atteindre à la course.

On repartit donc sans plus attendre et, dès les premières heures du 6 octobre, la frontière bulgare était franchie. À partir de ce point, Serge Ladko qui, jusque-là, avait suivi de son mieux la rive droite, serra au contraire le plus possible le bord roumain dont, à partir de Lom-Palamka, une succession de marais de huit à dix kilomètres de large n’allait pas tarder, d’ailleurs, à interdire l’approche.

Quelque absorbé qu’il fût en lui-même, le fleuve, depuis qu’on était entré dans les eaux bulgares, n’avait pu manquer de lui paraître suspect. Un certain nombre de chaloupes à vapeur, de torpilleurs même, voire de canonnières, battant pavillon ottoman, le sillonnaient en effet. En prévision de la guerre qui allait, moins d’un an plus