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LA MAISON VIDE.

et à un autre. Je ne suis à Roustchouk que pour ça.

— Vous n’êtes donc pas d’ici ?

— Non. Je suis arrivé aujourd’hui.

— Joli moment que vous avez choisi, ricana Titcha, qui faisait sans doute allusion à l’anarchie actuelle de la Bulgarie.

Dragoch, ayant esquissé un geste d’indifférence, ajouta :

— Je suis de Gran.

Titcha garda le silence.

— Vous ne connaissez pas Gran ? insista Dragoch.

— Non.

— C’est étonnant, après en être venu si près.

— Si près ?… répéta Titcha. Où prenez vous que je sois allé près de Gran ?

— Parbleu ! dit en riant Karl Dragoch, elle n’en est pas si loin, la villa Hagueneau.

Ce fut au tour de Titcha de tressaillir. Il essaya, toutefois, de payer d’audace.

— La villa Hagueneau ?… balbutia-t-il d’un ton qu’il voulait rendre plaisant. C’est juste comme pour vous, camarade. Connais pas.

— Vraiment ?… fit ironiquement Dragoch. Et la clairière de Pilis, la connaissez-vous ?

Titcha, se rapprochant vivement, saisit le bras de son interlocuteur.

— Plus bas, donc ! dit-il sans chercher cette fois à dissimuler son émotion. Vous êtes fou de crier comme ça.

— Puisqu’il n’y a personne, objecta Dragoch.