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LE PILOTE DU DANUBE.

Son attention ne s’était éveillée qu’au moment où Karl Dragoch avait commencé à parler de la jeune femme, à dire comment, de la bouche de Titcha, il avait appris que Natcha descendait le cours du fleuve, prisonnière à bord d’un chaland commandé par le chef de cette bande, dont le nom réel n’était pas Ladko, mais Striga.

À ce nom, Serge Ladko avait poussé un véritable rugissement.

« Striga ! » s’était-il écrié tandis que sa main crispée étreignait violemment l’aviron.

Il n’en avait pas demandé davantage. Depuis lors, il se hâtait sans répit, sans trêve, sans repos, les sourcils froncés, les yeux fous, toute son âme projetée en avant, vers le but. Ce but, il avait dans son cœur la certitude de l’atteindre. Pourquoi ? Il eût été incapable de le dire. Il en était certain, voilà tout. Le chaland dans lequel Natcha était prisonnière, il le découvrirait du premier coup d’œil, fût-ce au milieu de mille autres. Comment ? Il n’en savait rien. Mais il le découvrirait. Cela ne se discutait pas, ne faisait pas question. Il s’expliquait maintenant pourquoi il lui avait semblé connaître celui des geôliers chargé de lui apporter ses repas pendant sa première incarcération, et pourquoi les voix entendues confusément avaient eu un écho dans son cœur. Le geôlier, c’était Titcha. Les voix, c’étaient celles de Striga et de Natcha. Et de même, le cri apporté par la nuit, c’était