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LE PILOTE DU DANUBE.

— Et moi je crois, répliqua froidement Serge Ladko, qu’un autre sujet de conversation serait préférable entre nous. »

Striga se le tint pour dit.

Quelques minutes après midi, le pilote donna l’ordre de lever l’ancre, puis, la voile hissée et bordée, il prit lui-même la barre. À ce moment Striga s’approcha de lui.

« Je dois vous prévenir, lui dit-il, que le chaland a besoin de fond.

— Il est sur lest, objecta Serge Ladko. Deux pieds d’eau doivent suffire.

— Il en faut sept, affirma Striga.

— Sept ! s’écria le pilote, pour qui ce seul mot était une révélation.

Voilà donc pourquoi la bande du Danube avait échappé jusqu’ici à toutes les poursuites ! Son bateau était habilement truqué. Ce qu’on en apercevait hors de l’eau n’était qu’une trompeuse apparence. Le véritable chaland était sous-marin, et c’est dans cette cachette qu’était déposé le produit de ses rapines. Cachette qui pouvait, au besoin, Serge Ladko le savait par expérience, se transformer en inviolable cachot.

— Sept, avait répété Striga en réponse à l’exclamation du pilote.

— C’est bien », dit celui-ci sans faire d’autre observation.

Pendant les premiers moments qui suivirent le départ, Striga, qui conservait malgré tout un reste d’inquiétude, ne se dépar-