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LE PILOTE DU DANUBE.

— Mille florins ! répéta derechef Ilia Brusch de plus en plus surpris.

Certes, la proposition était tentante. Mais il est à supposer que le pêcheur tenait à sa solitude, car il répondit brièvement :

— Mes regrets, Monsieur. Je refuse.

Devant une réponse aussi catégorique, formulée d’un ton péremptoire, il n’y avait qu’à s’incliner. Tel n’était pas l’avis, sans doute, du passionné amateur de pêche, qui ne parut aucunement impressionné par la netteté du refus.

— Me permettrez-vous, monsieur Brusch, de vous demander pourquoi ? interrogea-t-il placidement.

— Je n’ai pas de raisons à donner. Je refuse, voilà tout. C’est mon droit, je pense, répondit Ilia Brusch avec un commencement d’impatience.

— C’est votre droit, assurément, reconnut sans s’émouvoir son interlocuteur. Mais je n’excède pas le mien en vous priant de bien vouloir me faire connaître les motifs de votre décision. Ma proposition n’était nullement désobligeante, au contraire, et il est naturel que je sois traité avec courtoisie.

Ces mots avaient été débités d’une manière qui n’avait rien de comminatoire, mais le ton était si ferme, si plein d’autorité même, qu’Ilia Brusch en fut frappé. S’il tenait à sa solitude, il tenait encore plus sans doute à éviter une discussion intempestive, car il fit droit aussitôt à