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LE PILOTE DU DANUBE.

d’existence. Très bien administrée par son Président, le Hongrois Miclesco, elle prospérait. Ses ressources toujours croissantes lui permettaient d’offrir des prix importants dans ses concours, et sa bannière étincelait des glorieuses médailles conquises de haute lutte sur des associations rivales. Très au courant de la législation relative à la pêche fluviale, son Comité directeur soutenait ses adhérents, tant contre l’État que contre les particuliers, et défendait leurs droits et privilèges avec cette ténacité, on pourrait dire cet entêtement professionnel, spécial au bipède que ses instincts de pêcheur à la ligne rendent digne d’être classé dans une catégorie particulière de l’humanité.

Le concours qui venait d’avoir lieu était le deuxième de cette année 1876. Dès cinq heures du matin, les concurrents avaient quitté la ville pour gagner la rive gauche du Danube, un peu en aval de Sigmaringen. Ils portaient l’uniforme de la Société : blouse courte laissant aux mouvements toute leur liberté, pantalon engagé dans des bottes à forte semelle, casquette blanche à large visière. Bien entendu, ils possédaient la collection complète des divers engins énumérés au Manuel du Pêcheur : cannes, gaules, épuisettes, lignes empaquetées dans leur enveloppe de peau de daim, flotteurs, sondes, grains de plomb fondus de toutes tailles pour les plombées, mouches artificielles, cordonnet, crin de Florence. La