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mise en état de l’halbrane

qui ne devait pas les entraîner au-delà de l’île Tsalal. Quant aux gages, ils étaient tels qu’aucun de ces matelots n’en avait jamais eu même la moitié au cours de leur navigation antérieure.

Tout compte fait, sans parler de moi, l’équipage, compris le capitaine et le lieutenant de l’Halbrane, se montait à trente et un homme, — plus un trente-deuxième sur lequel il convient d’attirer l’attention d’une façon spéciale.

La veille du départ, le capitaine Len Guy fut accosté, à l’angle du port, par un individu — assurément un marin, — ce qui se reconnaissait à ses vêtements, à sa démarche, à son langage.

Cet individu, d’une voix rude et peu compréhensible, dit :

« Capitaine… j’ai à vous faire une proposition…

— Laquelle ?…

— Comprenez-moi… Avez-vous encore une place à bord ?…

— Pour un matelot ?…

— Pour un matelot.

— Oui et non, répliqua le capitaine Len Guy.

— Est-ce oui ?… demanda l’homme.

— C’est oui, si celui qui se propose me convient.

— Voulez-vous de moi ?…

— Tu es marin ?…

— J’ai navigué pendant vingt-cinq ans.

— Où ?…

— Dans les mers du sud.

— Loin ?…

— Oui… comprenez-moi… loin.

— Ton âge ?…

— Quarante-quatre ans…

— Et tu es à Port-Egmont ?…

— Depuis trois années… vienne le prochain Christmas.

— Comptais-tu embarquer à bord d’un baleinier de passage ?…

— Non.

— Alors que faisais-tu ici ?…