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le sphinx des glaces

à faire le tour du gisement, afin de constater si l’engloutissement de l’archipel avait été complet. Toutefois, il serait nécessaire de débarquer sur quelques points, où il y aurait peut-être des indices à recueillir.

Arrivé à une dizaine d’encablures du principal îlot, le capitaine Len Guy fit donner un coup de sonde. On trouva le fond par vingt brasses, — un fond qui devait être le sol d’une île immergée, dont la partie centrale dépassait le niveau de la mer d’une hauteur de cinq à six toises.

La goélette s’approcha encore, et, par cinq brasses, envoya son ancre.

Jem West avait songé à mettre en panne pendant le temps que durerait l’exploration de l’îlot. Mais, avec le vif courant qui portait au sud, la goélette aurait été prise par la dérive. Donc mieux valait mouiller dans le voisinage du groupe. La mer y clapotait à peine, et l’état du ciel ne faisait pressentir aucun changement atmosphérique.

Dès que l’ancre eut mordu, une des embarcations reçut le capitaine Len Guy, le bosseman, Dirk Peters, Martin Holt, deux hommes et moi.

Un quart de mille nous séparait du premier îlot. Il fut franchi rapidement à travers d’étroites passes. Les pointes rocheuses couvraient et découvraient avec les longues oscillations de la houle. Balayées, lavées et relavées, elles ne pouvaient avoir conservé aucun témoignage qui permît d’assigner une date au tremblement de terre. À ce sujet, je le répète, on sait qu’il n’y avait aucun doute dans notre esprit.

Le canot s’engagea entre les roches. Dirk Peters, debout à l’arrière, la barre entre ses jambes, cherchait à éviter les arêtes des récifs qui affleuraient çà et là.

L’eau, transparente et calme, laissait voir, non point un fond de sable semé de coquilles, mais des blocs noirâtres, tapissés de végétations terrestres, des touffes de ces plantes qui n’appartiennent