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une embardée.

— Pas à cette latitude, répondit Hurliguerly, pas à cette latitude ! Et, d’ailleurs, il y a des hivers précoces comme il y a des étés précoces. La belle saison, cette année, a été en avance de deux grands mois, et il est à craindre que la mauvaise ne se fasse sentir plus tôt qu’à l’ordinaire.

— C’est fort admissible, répondis-je. Après tout, qu’importe, puisque notre campagne aura certainement pris fin avant trois semaines…

— Si quelque obstacle ne se présente pas auparavant, monsieur Jeorling…

— Et lequel ?…

— Par exemple, un continent qui s’étendrait au sud et nous barrerait la route…

— Un continent, Hurliguerly ?…

— Savez-vous que je n’en serais pas autrement étonné, monsieur Jeorling…

— Et, en somme, cela n’aurait rien d’étonnant, répliquai-je.

— Quant à ces terres entrevues par Dirk Peters, reprit Hurliguerly, et sur lesquelles les hommes de la Jane auraient pu se réfugier, je n’y crois guère…

— Pourquoi ?…

— Parce que William Guy, qui ne devait disposer que d’une embarcation de faible dimension, n’aurait pu s’enfoncer si loin dans ces mers…

— Je ne me prononce pas d’une façon aussi affirmative, bosseman.

— Cependant, monsieur Jeorling…

— Et qu’y aurait-il donc de surprenant, m’écriai-je, à ce que William Guy eût atterri quelque part sous l’action des courants ?… Il n’est pas resté à bord de son canot depuis huit mois, je suppose !… Ses compagnons et lui auront pu débarquer soit sur une île, soit sur un continent, et c’est là un motif suffisant pour ne pas abandonner nos recherches…