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que faire ?…

Cependant, avant de procéder aux installations d’un hivernage pour sept à huit mois, est-ce que le mieux ne serait pas de quitter l’ice-berg, si cela était possible ?…

Ce fut sur ce point que j’appelai l’attention du capitaine Len Guy et de Jem West.

La réponse à cette question était difficile et elle fut précédée d’un long silence.

Enfin le capitaine Len Guy dit :

« Oui !… ce serait le meilleur parti, et si notre embarcation pouvait nous contenir tous avec les provisions nécessitées par un voyage qui durerait au moins de trois à quatre semaines, je n’hésiterais pas à reprendre dès maintenant la mer pour revenir vers le nord…

— Mais, fis-je observer, nous serions obligés de naviguer contre le vent et contre le courant, et c’est à peine si notre goélette eût pu y réussir… tandis qu’à continuer vers le sud…

— Vers le sud ?… répéta le capitaine Len Guy, qui me regarda comme s’il eût voulu lire jusqu’au fond de ma pensée.

— Pourquoi pas ?… répondis-je. Si l’ice-berg n’eût point été arrêté dans sa marche, peut-être aurait-il dérivé jusqu’à quelque terre dans cette situation, et, ce qu’il aurait fait, le canot ne pourrait-il le faire ?… »

Le capitaine Len Guy, secouant la tête, tandis que Jem West gardait le silence, ne répondit pas.

« Eh ! notre ice-berg finira bien par lever l’ancre ! répliqua Hurliguerly. Il ne tient pas au fond comme les Falklands ou les Kerguelen !… Donc, le plus sûr est d’attendre, puisque le canot ne peut nous emmener à vingt-trois que nous sommes.

— Il n’est pas nécessaire de s’embarquer à vingt-trois, insistai-je. Il suffirait que cinq ou six de nous allassent en reconnaissance au large… pendant douze ou quinze milles… en se dirigeant vers le sud…

— Vers le sud ?… répéta le capitaine Len Guy.