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le sphinx des glaces

large pour notre embarcation !… Si ce détroit-là allait finir en cul-de-sac…

— Ce n’est pas à craindre, répondit le capitaine Len Guy. Puisque le courant se propage dans cette direction, c’est qu’il trouve une issue vers le nord, et, à mon avis, nous n’avons rien autre chose à faire qu’à le suivre. »

C’était l’évidence même. Le Paracuta ne pouvait avoir un meilleur guide que ce courant. Si, par malheur, nous l’eussions eu contre nous, il aurait été impossible de le remonter, sans être servi par une très forte brise.

Peut-être, cependant, quelques degrés plus loin, ce courant s’infléchirait-il vers l’est ou vers l’ouest, étant donné la conformation des côtes ? Néanmoins, au nord de la banquise, tout permettait d’affirmer que cette partie du Pacifique baignait les terres de l’Australie, de la Tasmanie ou de la Nouvelle-Zélande. Peu importait, on en conviendra, quand il s’agissait d’être rapatriés, que le rapatriement se fît ici ou là…

Notre navigation se prolongea dans ces conditions une dizaine de jours. L’embarcation tenait bien l’allure du grand largue. Les deux capitaines et Jem West n’en étaient plus à apprécier sa solidité, quoique, je le répète, aucun morceau de fer n’eût été employé à sa construction. Il n’avait pas été une seule fois nécessaire de reprendre ses coutures, d’une parfaite étanchéité. Il est vrai, nous avions la mer belle, à peine ridée d’un léger clapotis à la surface de ses longues houles.

Le 10 mars, avec même longitude, l’observation donna 76° 13′ pour latitude.

Puisque le Paracuta avait franchi environ six cents milles depuis son départ d’Halbrane-Land, et que ce parcours s’était opéré en vingt jours, il avait obtenu une vitesse de trente milles par vingt-quatre heures.

Que cette moyenne ne faiblît pas durant trois semaines, et toutes les chances seraient pour que les passes ne fussent point fermées ou