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Page:Verne - Le Testament d’un excentrique, Hetzel, 1899.djvu/183

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les transes de jovita foley.

malade, et prévint la voisine, une digne dame, qui s’installa au chevet du lit. Puis elle descendit, se jeta dans une voiture et se fit conduire à l’Auditorium.

Il était sept heures quarante lorsque Jovita Foley arriva à la porte de la salle déjà encombrée. Reconnue dès son entrée, on l’assaillit de questions.

« Comment allait Lissy Wag ?…

— Parfaitement bien », déclara-t-elle en demandant qu’on lui permît de s’avancer jusqu’à la scène, — ce qui fut fait.

La mort de la jeune fille ayant été formellement affirmée par des journaux du matin, quelques personnes s’étonnèrent que sa plus intime amie fût venue, — et pas même en habits de deuil.

À huit heures moins dix, le président et les membres de l’Excentric Club, escortant maître Tornbrock, toujours lunetté d’aluminium, parurent sur la scène et s’assirent devant la table.

La carte était étalée sous les yeux du notaire. Les deux dés reposaient près du cornet de cuir. Encore cinq minutes, et huit heures sonneraient à l’horloge de la salle.

Soudain une voix tonnante rompit le silence, qui s’était établi, non sans quelque peine.

Cette voix, on la reconnut à ses éclats de faux bourdon : c’était la voix du commodore.

Hodge Urrican demanda à prendre la parole pour une simple observation, — ce qui lui fut accordé.

« Il me semble, monsieur le président, dit-il en grossissant son timbre à mesure que la phrase se développait, il me semble que, pour se conformer aux volontés précises du défunt, il conviendrait de ne pas tirer ce cinquième coup, puisque la cinquième partenaire n’est pas en état…

— Oui… oui !… hurlèrent plusieurs assistants du groupe où se tenait Hodge Urrican, et, d’une voix plus enragée que les autres, cet homme violent qui l’accompagnait la veille sous les fenêtres de Jovita Foley.