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william j. hypperbone.

— Dans quinze jours seulement ?…

— Seulement… comme l’indique cette note qui l’accompagne… par conséquent le 15 avril…

— Et pourquoi ce délai ?…

— Parce que mon client a voulu, avant de mettre le public au courant de ses dernières volontés, que la certitude eût été acquise qu’il était irrévocablement passé de vie à trépas.

— Un homme pratique, notre ami Hypperbone ! affirma Georges B. Higginbotham.

— On ne saurait trop l’être en ces graves circonstances, ajouta Thomas Carlisle, et à moins de se faire incinérer…

— Et encore, se hâta de déclarer le notaire, risque-t-on d’être brûlé vivant…

— Sans doute, ajouta le président, mais, cela fait, on est au moins sûr d’être mort ! »

Quoi qu’il en soit, il n’avait point été question d’incinération pour le corps de William J. Hypperbone, et c’était en bière que le défunt avait été déposé sous les draperies du char funèbre.

Il va de soi, lorsque la nouvelle du décès de William J. Hypperbone s’était répandue dans la ville, qu’elle y avait produit un prodigieux effet.

Voici ce qui fut connu dès la première heure.

Le 30 mars, dans l’après-midi, l’honorable membre de l’Excentric Club était assis avec deux de ses collègues devant la table du Noble Jeu de l’Oie. Il venait de faire le coup initial, soit neuf amené par six et trois, — début des plus heureux — qui l’envoyait à la vingt-sixième case.

Soudain sa face se congestionne, ses membres se raidissent. Il veut se lever, il le fait en chancelant, étend les mains, et fût tombé sur le parquet, si John T. Dickinson et Harry B. Andrews ne l’eussent reçu dans leurs bras et déposé sur un divan.

Il fallait au plus tôt se pourvoir d’un médecin. Il en vint deux. Leur déclaration fut que William J. Hypperbone avait succombé à une