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Page:Verne - Le Testament d’un excentrique, Hetzel, 1899.djvu/323

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le testament d’un excentrique.

— Et tu n’as pas envie de leur prouver ta reconnaissance en gagnant la partie ?…

— J’ai envie de dormir, voilà tout, déclara Lissy Wag, et je vais me coucher en t’engageant à en faire autant.

— Dormir !… Et le pourrai-je ?…

— Bonne nuit, Jovita !

— Soit… bonne nuit, la petite fée aux millions ! » répondit Jovita Foley, qui décidément avait peut-être fait un peu plus que de mouiller ses lèvres dans les coupes de champagne.

Puis elle ajouta dans un demi-bâillement :

« Ah ! que je voudrais être à demain ! »

Demain arriva comme d’habitude, et débuta par un beau lever de soleil qui précéda de deux heures le lever de Jovita Foley.

Lissy Wag ne put résister au pressant appel qui lui fut adressé de quitter son lit et de s’habiller, de telle sorte que dès huit heures toutes deux étaient prêtes à quitter l’hôtel.

L’exploration des grottes du Kentucky dans leur ensemble — du moins pour ce qui est connu, — exige, paraît-il, de sept à huit jours. L’artère principale s’étend sur une longueur de trois à quatre lieues, et l’immense excavation est, en mesures françaises, d’une contenance de onze milliards de mètres cubes. Elle est sillonnée en tous sens par deux centaines d’allées, couloirs, galeries, passages, boyaux, et encore, convient-il de le répéter, il ne s’agit que de la partie actuellement découverte.

Or, on était au 31 mai, et, jusqu’au 6 juin, matin, Lissy Wag ne pouvait disposer que de six pleines journées, Mais, bien employé, ce temps devait suffire à satisfaire la plus curieuse des visiteuses, — fût-ce cette vibrante Jovita Foley.

C’est, d’ailleurs, en nombreuse compagnie que s’effectuèrent ces tournées successives, organisées sous la conduite des meilleurs guides attachés au service des grottes du Kentucky.

Vêtus chaudement, car la température est fraîche au fond de ces cavités, les touristes des deux sexes prirent, à neuf heures, le sentier