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Page:Verne - Le Testament d’un excentrique, Hetzel, 1899.djvu/436

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le testament d’un excentrique.

Le lendemain, on comprend ce que devait être l’impatience de Jovita Foley, qui se réveilla dès l’aube, puisque, ce jour-là, à huit heures, maître Tornbrock allait procéder au tirage du 12 juin.

Aussi, laissant dormir Lissy Wag, elle sortit de l’hôtel, en quête d’informations.

Deux heures… Oui ! elle fut bien deux heures absente, et quel réveil pour la cinquième partenaire, qui sursauta au bruit d’une porte violemment ouverte, et à la retentissante entrée de Jovita Foley, criant :

« Délivrée… ma chère… délivrée…

— Que dis-tu ?…

— Huit par cinq et trois… Il les a…

— Il ?…

— Et comme il était à la quarante-quatrième case, le voilà expédié à la cinquante-deuxième…

— Qui… il ?…

— Et comme la cinquante-deuxième est la prison, il y vient prendre notre place…

— Mais qui ?…

— Max Réal… ma chérie… Max Réal…

— Ah ! le pauvre jeune homme ! répondit Lissy Wag. J’aurais mieux aimé rester…

— Par exemple ! » s’écria la triomphante Jovita Foley que cette observation fit bondir comme un isard.

Rien de plus exact ! Ce coup de dés mettait en liberté Lissy Wag. Elle serait remplacée à Saint-Louis par Max Réal, dont elle reprendrait la place, à Richmond, État de Virginie, sept cent cinquante milles, vingt-cinq à trente heures de voyage !…

D’ailleurs, pour s’y rendre, elle avait, du 12 au 20, plus de temps qu’il n’en fallait. Ce qui n’empêcha point son impatiente compagne, incapable de contenir sa joie, de s’écrier :

« En route…

— Non… Jovita, non… répondit nettement Lissy Wag.