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le testament.

citoyen puisse suivre les péripéties de la partie qui va s’engager. Ces partenaires, au nombre de six, ont été choisis par le sort, parmi la population de notre cité, et ils doivent être réunis en ce moment sur la scène de l’Auditorium. Ce sont eux qui auront à se transporter, de leur personne, dans chaque État indiqué par le nombre de points obtenus, et à l’endroit même que leur fera connaître mon exécuteur testamentaire, d’après une note ci-jointe rédigée par mes soins. »

Ainsi donc tel était le rôle réservé aux « Six ». Le caprice des dés allait les promener à la surface de l’Union… Ils seraient les pièces d’échiquier de cette invraisemblable partie…

Si Tom Crabbe ne comprit rien à l’idée de William J. Hypperbone, il en fut autrement du commodore Urrican, de Harris T. Kymbale, d’Hermann Titbury, de Max Réal et de Lissy Wag. Tous se regardaient, et on les regardait déjà comme des êtres extraordinaires, placés en dehors de l’humanité.

Mais il restait à apprendre quelles étaient les dernières dispositions imaginées par le défunt.

« À dater de quinze jours après la lecture de mon testament, disait-il, tous les deux jours, dans cette salle de l’Auditorium, à huit heures du matin, maître Tornbrock, en présence des membres de l’Excentric Club, agitera de sa main le cornet des dés, proclamera le chiffre amené, et enverra ce chiffre par télégramme à l’endroit où chaque partenaire devra se trouver alors sous peine d’être exclu de la partie. Étant données la facilité et la rapidité des communications à travers le territoire de la Confédération dont aucun des « Six » ne devra dépasser les limites sous peine d’être disqualifié, j’ai estimé que quinze jours devraient suffire à chaque déplacement, si lointain qu’il dût être. »

Il était évident que si Max Réal, Hodge Urrican, Harris T. Kymbale, Hermann Titbury, Tom Crabbe, Lissy Wag, acceptaient ce rôle de partenaires dans ce Noble Jeu, renouvelé non plus des Grecs mais des Français par William J. Hypperbone, ils seraient obligés à en