Page:Verne - Le Village aérien, Hetzel, 1918.djvu/152

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avait fait disposer des phonographes destinés à recueillir les mots de ce vocabulaire. Il observa même que les singes — ce qui les distingue essentiellement des hommes — ne parlaient jamais sans nécessité. Et il fut conduit à formuler son opinion en ces termes :

« La connaissance que j’ai du monde animal m’a donné la ferme croyance que tous les mammifères possèdent la faculté du langage à un degré qui est en rapport avec leur expérience et leurs besoins. »

Antérieurement aux études de M. Garner, on savait déjà que les mammifères, chiens, singes et autres, ont l’appareil laryngo-buccal disposé comme l’est celui de l’homme et la glotte organisée pour l’émission de sons articulés. Mais on savait aussi, — n’en déplaise à l’école des simiologues, — que la pensée a précédé la parole. Pour parler, il faut penser, et penser exige la faculté de généraliser, — faculté dont les animaux sont dépourvus. Le perroquet parle, mais il ne comprend pas un mot de ce qu’il dit. La vérité, enfin, est que, si les bêtes ne parlent pas, c’est que la nature ne les a pas dotées d’une intelligence suffisante, car rien ne les en empêcherait. Au vrai, ainsi que cela est acquis, « pour qu’il y ait langage, a dit un savant critique, il faut qu’il y ait jugement et raisonnement basés, au moins implicitement, sur un concept abstrait