Page:Verne - Le Village aérien, Hetzel, 1918.djvu/211

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minables grimaciers qui nous ont assaillis !… Et c’est pour le tirer de la noyade que tu as risqué de te noyer, Llanga ?…

— Un enfant… si… un enfant !… répétait Llanga.

— Non, te dis-je, et je t’engage à l’envoyer rejoindre sa famille au fond des bois. »

Était-ce donc qu’il ne crût pas à ce qu’affirmait son ami Max, mais Llanga s’obstinait à voir un enfant dans ce petit être qui lui devait la vie, et qui n’avait pas encore repris connaissance. Aussi, n’entendant pas s’en séparer, il le souleva entre ses bras. Au total, le mieux était de le laisser faire à sa guise. Après l’avoir rapporté au campement, Llanga s’assura que l’enfant respirait encore, il le frictionna, il le réchauffa, puis il le coucha sur l’herbe sèche, attendant que ses yeux se rouvrissent.

La veillée ayant été organisée comme d’habitude, les deux amis ne tardèrent pas à s’endormir, tandis que Khamis resterait de garde jusqu’à minuit. Llanga ne put se livrer au sommeil. Il épiait les plus légers mouvements de son protégé ; étendu près de lui, il lui tenait les mains, il écoutait sa respiration… Et quelle fut sa surprise, lorsque, vers onze heures, il entendit ce mot prononcé d’une voix faible : « Ngora… ngora ! » comme si cet enfant eût appelé sa mère !