Page:Verne - Le Village aérien, Hetzel, 1918.djvu/230

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À cent toises environ, un entassement de roches noirâtres formait barrage d’une rive à l’autre, sauf à son milieu, où les eaux se précipitaient en le couronnant d’écume. De chaque côté, elles venaient se heurter contre une digue naturelle et, à certains endroits, bondissaient par-dessus. C’était, à la fois, le rapide au centre, la chute latéralement. Si le radeau ne ralliait pas l’une des berges, si on ne parvenait pas à l’y fixer solidement, il serait entraîné et se briserait contre le barrage, à moins qu’il ne chavirât dans le rapide.

Tous avaient gardé leur sang-froid. D’ailleurs, pas un instant à perdre, car la vitesse du courant s’accentuait.

« À la berge… à la berge ! » cria Khamis.

Il était alors six heures et demie, et, par ce temps brumeux, le crépuscule ne laissait déjà plus qu’une douteuse clarté, qui ne permettait guère de distinguer les objets.

Cette difficulté, ajoutée à tant d’autres, compliquait la manœuvre.

Ce fut en vain que Khamis essaya de diriger le radeau vers la berge. Ses forces n’y suffisaient pas. Max Huber se joignit à lui afin de résister au courant qui portait en droite ligne vers le centre du barrage. À deux, ils obtinrent un certain résultat, et auraient réussi à sortir de cette dérive, si la godille ne se fût rompue.