Page:Verne - Le Village aérien, Hetzel, 1918.djvu/64

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de pieds, à coups de corne, ils tombèrent. De tout l’attelage il ne restait plus qu’un seul bœuf qui, par malheur, vint se réfugier sous le branchage des tamarins.

Oui, par malheur, car les éléphants l’y poursuivirent et s’arrêtèrent par un instinct commun. En quelques secondes, le ruminant ne fut plus qu’un tas de chairs déchirées, d’os broyés, débris sanglants piétines sous les pieds calleux aux ongles d’une dureté de fer.

Le tertre était alors entouré et il fallut renoncer à la chance de voir s’éloigner ces bêtes furieuses.

En un moment, le chariot fut bousculé, renversé, chaviré, écrasé sous les masses pesantes qui se refoulaient contre le tertre. Anéanti comme un jouet d’enfant, il n’en resta plus rien ni des roues, ni de la caisse.

Sans doute, de nouveaux jurons éclatèrent entre les lèvres du Portugais, mais cela n’était pas pour arrêter ces centaines d’éléphants, non plus que le coup de fusil qu’Urdax tira sur le plus rapproché, dont la trompe s’enroulait autour de l’arbre. La balle ricocha sur le dos de l’animal sans pénétrer dans ses chairs.

Max Huber et John Cort le comprirent bien. En admettant même qu’aucun coup ne fût perdu, que chaque balle fît une victime, peut-