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VI

JANE EDGERTON AND C°


Skagway, comme tous ces lieux de halte perdus au milieu d’une région où les routes manquent, où les moyens de transport font défaut, ne fut d’abord qu’un campement de chercheurs d’or. Puis, à ce pêle-mêle de huttes succéda un ensemble de cabanes plus régulièrement bâties, puis des maisons s’élevèrent sur ces terrains dont le prix montait sans cesse. Mais qui sait si, dans l’avenir, ces villes créées pour les besoins du jour ne seront pas abandonnées, si la région ne redeviendra pas déserte, lorsque les gisements d’or auront été épuisés ?

On ne peut, en effet, comparer ces territoires à ceux de l’Australie, de la Californie et du Transvaal. Là, les villages auraient pu devenir des villes, même si les placers n’avaient pas existé. Là, le sol était productif, la contrée habitable, les affaires commerciales ou industrielles étaient susceptibles de prendre une réelle importance. Après avoir livré ses trésors métalliques, la terre suffisait encore à rémunérer le travail.

Mais ici, dans cette partie du Dominion, sur la frontière de l’Alaska, presque à la limite du cercle polaire, sous ce climat glacial, il n’en est pas ainsi. Lorsque les dernières pépites auront été extraites, pourquoi vivrait-on dans une contrée sans ressource, à demi épuisée déjà par les trafiquants de fourrures ?

Il est donc fort possible que les villes si rapidement fondées dans ces régions, villes où ne manquent actuellement ni l’animation des affaires, ni le mouvement des voyageurs, disparaissent