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jane edgerton and c°.

Summy fit une pause, puis ajouta d’une voix insinuante :

« Pourquoi ne profiteriez-vous pas de ces avantages ?

— À quel titre ?..

— À titres d’invitées, bien entendu, dit Summy avec chaleur.

Jane lui tendit franchement la main.

— Ma cousine et moi, monsieur Skim, nous vous sommes bien reconnaissantes de votre offre généreuse, mais nous ne pouvons l’accepter. Nos ressources, bien que modestes, sont suffisantes, et nous sommes résolues à ne rien devoir qu’à nous-mêmes, à moins d’absolue nécessité.

Au ton tranquille de cette déclaration, on comprenait qu’elle était sans appel. Si Jane Edgerton pensait aux graves difficultés qu’elle allait affronter, ce n’était pas pour en être effrayée, mais, au contraire, pour se redresser dans l’orgueil de son effort personnel, comme un ressort bien trempé.

Elle ajouta, s’adressant à Ben Raddle :

« N’ai-je pas raison, monsieur ?

— Tout à fait, miss Jane, » déclara Ben, sans faire la moindre attention aux signes désespérés de son cousin.

Dès son arrivée à Skagway, Ben Raddle s’était, en effet, occupé d’assurer son transport jusqu’à la capitale du Klondike. Suivant les indications qui lui avaient été données à Montréal, il s’était enquis d’un certain Bill Stell dont on lui répondait, et avec lequel on lui avait conseillé de se mettre en relation.

Bill Stell était un ancien coureur des prairies, d’origine canadienne. Pendant plusieurs années, à l’entière satisfaction de ses chefs, il avait rempli la fonction de Scout ou d’éclaireur dans les troupes du Dominion et pris part aux longues luttes qu’elles eurent à soutenir contre les Indiens. On le tenait pour un homme de grand courage, de grand sang-froid et de grande énergie.

Le Scout faisait actuellement le métier de convoyeur pour les émigrants, que le retour de la belle saison appelait ou rappelait au Klondike. Ce n’était pas seulement un guide. Il était aussi