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jane edgerton and c°.

à quatre jours dans les circonstances les plus favorables.

Un des traîneaux portait les bagages. L’autre était destiné aux deux jeunes filles, qu’un amoncellement de couvertures et de pelleteries défendait contre une bise extrêmement vive. Elles n’avaient jamais imaginé, on s’en doute, que leur voyage s’accomplirait de la sorte, et, glissant un bout de nez rose hors de ses fourrures, Edith, à plusieurs reprises, adressa à Summy Skim des remerciements que celui-ci s’obstinait à ne point entendre.

Ben Raddle et lui étaient trop heureux de pouvoir leur être utiles. Quelle agréable compagnie pour un si affreux voyage ! Bill Stell lui-même en était enchanté.

Du reste, le Scout n’avait point caché à Edith avec quelle impatience elle était attendue à Dawson City. L’hôpital était littéralement encombré, et plusieurs gardes-malades avaient été atteintes par les différentes épidémies qui décimaient la ville. La fièvre typhoïde, plus particulièrement, désolait alors la capitale du Klondike. C’est par centaines que l’on comptait les victimes, parmi ces malheureux émigrants qui arrivaient, anémiés, surmenés, épuisés, après avoir laissé tant de leurs compagnons sur la route.

« Charmant pays, décidément ! se disait Summy Skim. Nous, encore, nous ne ferons qu’y passer !.. Mais ces deux petites, qui vont braver de tels dangers, et qui ne reviendront peut-être pas !.. »

Il avait semblé inutile d’emporter des vivres pour la traversée du Chilkoot, afin de diminuer le poids à transporter sur ces rudes pentes. Le Scout connaissait, sinon des hôtels, du moins des « lodgings », auberges des plus rudimentaires, où l’on trouvait à se nourrir, et même, à la rigueur, un logement pour la nuit. À de hauts prix, il est vrai. On paye un demi-dollar un lit fait d’une simple planche, et un dollar le repas qui se compose invariablement de lard et de pain à peine levé. Un confortable si