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le volcan d’or.

il n’était pas facile de renouveler les provisions de bois au milieu des rafales. Si les tentes résistèrent, c’est que Summy Skim et Ben Raddle veillèrent une partie de la nuit, avec la crainte perpétuelle que celle où s’abritaient les jeunes filles ne fût emportée.

C’est précisément ce qui arriva pour la plupart de celles qui avaient été dressées en dehors du ravin, et, lorsque le jour reparut, on put juger de l’importance des dégâts causés par la tempête. Attelages ayant rompu leurs entraves, dispersés en toutes directions, traîneaux culbutés, quelques-uns jusqu’au fond des précipices qui bordaient la route et dans lesquels mugissaient les torrents, familles en larmes, implorant vainement une assistance qu’il n’était au pouvoir de personne de leur donner : c’était un véritable désastre.

« Pauvres gens !.. pauvres gens !.. murmuraient les jeunes filles. Que vont-ils devenir ?

— Ce n’est pas notre affaire, déclara d’un ton bourru le Scout, cachant son émotion impuissante sous une apparente dureté, et, comme nous n’y pouvons rien, le mieux est de décamper au plus tôt. »

Sans tarder, il donna le signal du départ et la caravane attaqua de nouveau la montée.

Cependant la bourrasque s’était apaisée à l’aube. Avec cette brusquerie que le thermomètre constate en ces régions élevées, le vent avait halé le Nord-Est, et la température était retombée à 12° sous zéro. L’épaisse couche de neige qui recouvrait le sol acquit aussitôt une extrême dureté.

L’aspect de la région s’était modifié. Au delà des talus, les bois avaient fait place à de vastes plaines blanches, dont la réverbération éblouissait. Les voyageurs qui n’ont pas eu soin de se munir de lunettes bleues en sont réduits dans ce cas à saupoudrer leurs cils et leurs paupières avec du charbon de bois.