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le volcan d’or.

d’embarcations engagées dans les passes. Afin de profiter de la débâcle et du vent favorable, plusieurs centaines de bateaux avaient quitté la station du lac Bennet. Au milieu de cette flottille, il était parfois malaisé d’éviter les abordages. Et alors, quelles vociférations, quelles injures, quelles menaces éclataient de toutes parts, sans parler des coups échangés !

Dans l’après-midi, on croisa une embarcation de la police. L’occasion d’intervenir n’était que trop souvent offerte aux hommes qui la montaient.

Le chef de cette escouade de policemen connaissait le Scout et l’interpella au passage :

« Salut, Scout !.. Toujours des émigrants qui nous arrivent de Skagway pour le Klondike…

— Oui, répondit le Canadien, plus qu’il n’en faut…

— Et plus qu’il n’en reviendra…

— C’est sûr ! À combien estime-t-on ceux qui ont traversé le lac Bennet ?

— Quinze mille environ.

— Et ce n’est pas fini !

— Loin de là.

— Sait-on si la débâcle se fait en aval ?

— On le dit. Vous pourrez donc atteindre le Yukon en naviguant.

— Oui, si le froid ne reprend pas.

— On peut l’espérer.

— Oui… Merci.

— Bon voyage ! »

Le temps étant au calme, la marche du bateau s’en ressentait. Après avoir relâché pendant deux nuits, il ne vint s’arrêter près de l’extrémité du lac Bennet que dans l’après-midi du 4 mai.

En cet endroit se détache du lac la petite rivière, ou plutôt le canal du Caribou qui, à moins d’une lieue de là, va déboucher dans le lac Tagish.