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le volcan d’or.

lement qu’un bazar assez bien approvisionné. Entouré de huttes et de tentes d’émigrants, il commande le cours de la grande artère, qui, à partir de là, porte plus spécialement le nom de Yukon, alors grossi des eaux du Pelly, son principal tributaire de la rive droite.

À des prix excessifs, il est vrai, le Scout trouva tout ce qu’il voulut à Fort Selkirk, et, après une relâche de vingt-quatre heures, dans la matinée du 30 mai, le bateau s’abandonna de nouveau au courant. On passa, sans s’y arrêter, devant le confluent de la rivière Stewart, qui commençait à attirer les chercheurs d’or. Déjà, les claims pullulaient sur son cours de trois cents kilomètres. Puis, le bateau stationna pendant une demi-journée à Ogilvie, sur la rive droite du Yukon.

En aval, le fleuve s’élargissait de plus en plus, et les embarcations pouvaient circuler sans peine au milieu des nombreux glaçons qui dérivaient dans la direction du Nord.

Après avoir laissé en arrière les embouchures de l’Indian River et du Sixty Miles Creek qui s’ouvrent face à face à quarante-huit kilomètres de Dawson City, le Scout et ses compagnons, dans l’après-midi du 3 juin, mirent enfin le pied dans la capitale du Klondike.

À l’instant précis où les voyageurs débarquaient, Jane s’approcha de Ben Raddle et lui tendit un feuillet déchiré de son carnet, sur lequel elle venait, tout en marchant, d’écrire quelques mots.

« Permettez-moi, monsieur Raddle, dit-elle, de vous donner reçu.

Ben prit le papier et lut :

« Reçu de M. Ben Raddle un voyage confortable de Skagway à Dawson conformément aux termes de notre contrat. Dont quittance. »

Suivait la signature.

— C’est en règle, fit Ben avec flegme, en mettant le papier dans sa poche le plus sérieusement du monde.