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les débuts d’une prospectrice.

as choisi là un fichu métier… Le pauvre !.. Tiens, ta figure me revient. Tu me plais, bien que tu te redresses un peu trop sur tes ergots… J’ai justement besoin d’un commis, et, si tu veux la place… Voilà qui vaudrait mieux que la prospection !

— Commis ?.. interrogea Jane. Commis de quoi ?

— De tout, affirma Marius Rouveyre. Je fais tous les commerces. Mon magasin, ma voiture même contiennent absolument de tout. Tu ne pourrais t’imaginer ce qu’il y a dans ces caisses-là. Fil, aiguilles, épingles, ficelle, jambons, papier à lettre, saucissons, corsets, conserves, jarretières, tabac, vêtements d’homme et de femme, casseroles, chaussures, etc. Un vrai bazar ! Dans ce carton, c’est un chapeau haut-de-forme, le seul qui existera à Fort Cudahy. Je le louerai à chaque mariage, et il me rapportera mille fois son prix. Il faudra qu’il aille à toutes les têtes par exemple !.. Dans cet autre, c’est une robe… une robe de bal… et décolletée… et de la dernière mode de Paris, mon cher !

— On vend ces choses-là ici ?

— Si je vendrai ma robe ? Misère de moi, on se l’arrachera ! Celui qui aura trouvé la première grosse pépite l’offrira à son épouse, afin qu’elle écrase les autres de son luxe dans les soirées dansantes de Fort Cudahy… Mais, ça, c’est de la fantaisie… Le sérieux est là, dans ces autres caisses… Champagne, brandy, whisky, etc. J’ai beau en faire venir, il n’y en a jamais assez… Voyons, ma proposition te convient-elle ? Quatre dollars par jour, nourri et logé ?

— Non, monsieur, répondit franchement Jane Edgerton. Je vous remercie, mais je veux suivre mon idée.

— Mauvaise idée, petiot, mauvaise idée, affirma Marius Rouveyre avec conviction. La prospection, ça me connaît. Je peux t’en parler pour l’avoir pratiquée.

— Vous avez été prospecteur ?

— Parbleu ! comme tout le monde ici. On commence toujours