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les débuts d’une prospectrice.

— Ou bien, c’est donc que vous allez me tuer vous-même ?.. gémit alors le malheureux dont les regards éperdus se fixaient sur le revolver que Jane avait gardé à la main.

Simplement, celle-ci remit son arme à la ceinture et continua d’avancer.

— Que vous est-il arrivé ?.. demanda-t-elle. Qu’avez-vous ?..

— Quelque chose de cassé, pour sûr. Ça me tient là… et là… répondit le blessé, en montrant ses reins et sa jambe droite.

— Laissez-moi faire… Je vais voir, dit Jane en s’agenouillant.

Délicatement, avec des gestes doux et précis, elle releva le bourgeron crasseux et le bas du pantalon effiloché.

— Vous n’avez rien de cassé, déclara-t-elle après examen. Ce n’est qu’un « effort » causé par un faux mouvement, lorsque vous avez glissé. Dans un quart d’heure, vous irez mieux.

Sans s’occuper du risque qu’elle-même pouvait courir en se mettant ainsi à portée des larges mains naguère si menaçantes, elle donna méthodiquement ses soins. Massages intelligents, frictions énergiques, ventouses posées à l’aide du gobelet surmontant son bidon de prospecteur, un médecin n’eût pas mieux fait. Le résultat de ce traitement ne se fit pas attendre. Pour cruels que soient un « tour de rein » et un « coup de fouet », ce sont là maux peu graves. Bientôt la respiration revint au blessé. Une demi-heure plus tard, incapable encore de se mettre debout, il était du moins assis, le dos appuyé contre un rocher, et en état de répondre aux questions.

— Qui êtes-vous ?.. Comment vous appelez-vous ? demanda Jane.

Le regard du misérable n’exprimait plus qu’un immense étonnement. Que cet enfant qu’il avait voulu tuer le sauvât maintenant, cela bouleversait toutes ses idées. C’est d’une voix timide qu’il répondit :

— Patrick Richardson, monsieur.

— Vous êtes Anglais ?.. Américain ?..