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le volcan d’or.

le reste du monde, quand elle fut interpellée ex abrupto par une voix bien connue :

« Oserai-je, mademoiselle, m’informer de votre santé ?

— Monsieur Skim ! s’écria-t-elle, toute rose d’un plaisir qu’elle ne cherchait pas à cacher.

— Lui-même, dit Summy, en serrant chaleureusement la main qui lui était tendue.

— Ma santé est excellente, monsieur Skim, reprit Jane.

— Et celle de votre claim, mademoiselle ?.. Puisque aussi bien vous avez un claim, à ce que je vois.

— Je vous avouerai, monsieur Skim, que je n’en suis pas enchantée, reconnut Jane moins gaiement. C’est à peine si je recueille de dix à douze cents au plat. À peine de quoi payer mes frais.

— Triste résultat ! fit Summy Skim, qui, d’ailleurs, ne semblait pas autrement affecté d’un tel malheur. Quels sont vos projets ?

— Je ne sais, dit Jane. Aller plus loin… quitter sans doute ce mauvais claim qui m’a coûté plus qu’il ne vaut et où un malheureux hasard m’a conduite…

— Un hasard ? insista Summy. Vous ignoriez donc être notre voisine ?

— Je l’ai appris il y a quelques jours. Mais, quand je me suis arrêtée ici pour la première fois, j’ignorais que ce creek fût le Forty Miles et que votre propriété se trouvât de l’autre côté de cette colline.

— Ah bah !.. fit Summy désappointé.

Après un instant de silence, il reprit :

« Pourquoi, mademoiselle, ne profiteriez-vous pas de ce hasard, puisque hasard il y a ? Avant de vous enfoncer dans les déserts de l’Alaska, il serait bon, ce me semble, d’étudier à fond le coin que vous avez d’abord choisi. Je ne vous offre pas mon concours, car je suis trop ignorant de ces sortes de choses, mais, à cinq cents mètres d’ici, il y a mon cousin Ben Raddle, un in-