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le volcan d’or.

Summy sur le 129, Hunter et Malone de l’autre côté de la frontière, se précipitèrent à la rencontre les uns des autres.

Les deux équipes ne travaillaient plus, et des deux côtés on chantait victoire. La poche, la bonanza était enfin découverte. Depuis quelques instants les sables portés de part et d’autre aux appareils de lavage donnaient des rendements dépassant cent dollars, quand, au fond de l’excavation, on venait de découvrir une pépite, un véritable lingot d’une valeur d’au moins deux mille dollars, sur lequel les deux contre-maîtres, face à face, avaient mis en même temps le pied.

« Elle est à nous ! cria Hunter en arrivant tout essoufflé.

— Non ! à nous ! protesta Lorique conservant sa prise.

— À toi, failli chien ?.. Regarde plutôt le poteau. Tu verras si ton pied n’est pas chez moi.

Un coup d’œil sur la ligne déterminée par les deux piquets les plus voisins convainquit Lorique que, dans l’excès de son zèle, il avait réellement franchi la limite, et il allait en soupirant abandonner sa trouvaille, lorsque Ben Raddle intervint.

— Si vous avez passé la frontière, Lorique, dit-il d’une voix calme, c’est qu’elle a été changée pendant la nuit. Tout le monde peut voir que les piquets ne sont plus à l’alignement, et que celui-ci a été reculé de plus d’un mètre vers l’Est.

C’était vrai. La série des poteaux formait, en effet, une ligne brisée, présentant vers l’Est un angle rentrant à la hauteur des deux claims.

— Voleur ! rugit Lorique dans la figure de Hunter.

— Voleur toi-même ! répliqua celui-ci en bondissant sur le Canadien qui fut renversé par surprise.

Summy Skim se précipita au secours du contre-maître, que le Texien maintenait à terre. Ben Raddle le suivit aussitôt et saisit à la gorge Malone qui accourait. En un instant, Lorique se relevait, délivré, tandis que Hunter roulait sur le sol à son tour.

Ce fut alors une mêlée générale. Les pioches, les pics, maniés