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le volcan d’or.

Un commandement était difficile à obtenir, et il dut se contenter d’être second sur un voilier à destination des mers du Sud.

Quatre années s’écoulèrent ainsi. Il atteignait vingt-neuf ans quand son père mourut, laissant sa veuve dans un état voisin de la misère. En vain Jacques Ledun s’efforça-t-il de changer sa place de second pour celle de capitaine. Le manque d’argent lui interdisant de prendre, ainsi que cela se fait d’ordinaire, une part dans le navire dont il sollicitait le commandement, il resta second. Quel médiocre avenir s’ouvrait devant lui, et comment arriverait-il à cette aisance, si modeste fût-elle, qu’il rêvait pour sa mère ?

Ses voyages l’avaient amené en Australie et en Californie où les gisements aurifères attirent tant d’émigrants. Comme toujours, c’est le plus petit nombre qui s’y enrichit, tandis que l’immense majorité n’y rencontre que ruine et misère. Jacques Ledun, ébloui par l’exemple des plus heureux, résolut de poursuivre la fortune sur la route si périlleuse des chercheurs d’or.

À cette époque, l’attention venait d’être attirée sur les mines du Dominion, avant même que ses richesses métalliques se fussent si étonnamment accrues par les découvertes du Klondike. En d’autres parties moins éloignées, d’un accès plus facile, le Canada possédait des territoires aurifères où l’exploitation s’effectuait dans des conditions meilleures, sans être interrompue par les terribles hivers de la région yukonienne. Une des mines de cette région, la plus importante peut-être, le Roi, venait alors de produire en deux ans quatre millions cinq cent mille francs de dividende. Ce fut au service de cette société qu’entra Jacques Ledun.

Mais celui qui se borne à vendre le travail de son cerveau ou de ses membres ne s’enrichit pas d’ordinaire. Ce que rêvait le courageux et imprudent Français, une fortune rapidement enlevée par quelque heureux coup du sort, demeurait aussi irréa-