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le volcan d’or.

« Il est étonnant, ce Ben, disait parfois Summy à Jane Edgerton. C’est un enragé.

— Nullement, répondait Jane. Il est pressé, voilà tout.

— Pressé ? ripostait Summy. Pourquoi pressé ? Il gâte toujours le présent avec son souci du lendemain. Moi, je me laisse vivre et j’accepte les choses comme elles viennent.

— C’est que M. Raddle a un but. Il va droit au Golden Mount, et le chemin qu’il faut suivre pour l’atteindre n’est qu’un moyen qui ne l’intéresse pas.

— Le Golden Mount — s’il existe — répliquait Summy, sera là dans quinze jours comme dans huit. Je compte bien, d’ailleurs, que nous prendrons un repos mérité à Fort Mac Pherson. Après une trotte pareille, on a le droit de vouloir s’étendre dans un lit.

— S’il y a des auberges à Fort Mac Pherson !

Le Scout, consulté, déclara qu’il n’y en avait pas.

— Fort Mac Pherson, dit-il, n’est qu’un poste fortifié pour les agents de la Compagnie. Mais il y a des chambres.

— Puisqu’il y a des chambres, il y a des lits, répliqua Summy Skim, et je ne serais pas fâché d’y allonger mes jambes pendant deux ou trois bonnes nuits.

— Commençons par y arriver, interrompit Ben Raddle, et ne nous attardons pas en haltes inutiles. »

La caravane marchait donc aussi rapidement que le permettaient les détours et les embarras des défilés ; mais, malgré les encouragements de Ben Raddle, il lui fallut près d’une semaine pour sortir de la région montagneuse et arriver à la Peel River.

Ce fut seulement dans l’après-midi du 21 mai qu’on l’atteignit, et, sans attendre, on traversa cet important affluent de la Mackensie, en s’aidant des derniers glaçons de la débâcle qui l’encombraient encore. Avant la nuit, matériel et personnel étaient transportés sans accident sur la rive droite, et le camp était établi au bord de l’eau, sous les frondaisons de grands pins