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le volcan d’or.

prétexte. Bien que le pays parût être tout à fait désert, il convenait de ne point se départir d’une sévère surveillance.

Ben Raddle, Summy Skim et le Scout se mirent en route vers huit heures, accompagnés de Jane Edgerton, qui avait voulu à toute force prendre part à l’expédition, et tous quatre longèrent l’assise méridionale du mont afin de gagner le versant de l’Ouest.

De la dernière éruption — et à quelle époque remontait-elle ? — on ne rencontrait aucun indice, le long de cette base. Pas la moindre trace de matières éruptives et notamment de la poussière d’or qu’elles devaient, au dire de Jacques Ledun, contenir en si forte proportion. Fallait-il en induire que les excreta du volcan avaient tous été projetés du côté de la mer et gisaient sous les eaux profondes baignant le littoral ?

« Que nous importe ? répondit Ben Raddle à Bill Stell, qui faisait cette remarque. Il est incontestable qu’il n’y a pas eu d’éruption depuis la visite de Jacques Ledun. C’est l’essentiel. Les pépites qu’il a vues, nous les verrons aussi. »

Il était près de neuf heures lorsque les quatre ascensionnistes s’arrêtèrent à la base du versant ouest.

Le Scout prit aussitôt la tête, et la montée commença. Au début, la rampe était relativement douce, et les herbes prêtaient au pied un solide appui. Il ne fut donc pas nécessaire de recourir aux piquets et aux cordes. Bill Stell, d’ailleurs, avait la pratique des montagnes. Un sûr instinct le conduisait, et il était si vigoureux, si rompu aux exercices de ce genre, que ses compagnons avaient peine à le suivre.

« Voilà ce que c’est, disait Summy Skim, un peu essoufflé, que d’avoir traversé vingt fois les passes du Chilkoot ! Ça vous donne des jambes de chamois et des jarrets d’acier. »

Toutefois, après le premier tiers de l’ascension, un chamois, lui-même, eût peut-être été embarrassé. Les ailes d’un vautour ou d’un aigle n’eussent pas été de trop.