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le volcan d’or.

En effet, comme pour appuyer le raisonnement de l’ingénieur, des grondements se propageaient au dehors avec une intensité particulière.

« Nous devons tenir pour certain, continua Ben Raddle, que la cheminée du volcan est creusée dans le voisinage de notre campement. Nous n’avons donc qu’à percer ce côté de la montagne et à y creuser un canal, par lequel les eaux se précipiteront en quantités illimitées.

— Quelles eaux ? interrogea Bill Stell. Celles de la mer ?

— Non, répondit l’ingénieur. Il ne sera pas nécessaire de chercher l’eau si loin. N’avons-nous pas le Rio Rubber ? Détaché de l’une des branches de la Mackensie, il déversera dans le Golden Mount l’inépuisable réseau du delta. »

Ben Raddle avait dit : « déversera », comme si le canal, déjà foncé à travers le massif, eût livré passage aux eaux du Rio Rubber. À mesure qu’il l’exposait, il s’était affermi dans son projet, devenu maintenant pour lui résolution ferme et arrêtée ne varietur.

Quelque audacieux que fût ce projet, aucun de ses compagnons, pas même Summy Skim, n’eut, d’ailleurs, la pensée de formuler une objection quelconque. Si Ben Raddle échouait, la question serait résolue, et il ne resterait plus qu’à partir. S’il réussissait, si le volcan livrait ses richesses, la solution serait la même, mais c’est alors plus lourdement chargés que les chariots reprendraient la route du Klondike.

Lancer des masses liquides dans le foyer volcanique pouvait, il est vrai, présenter de grands dangers. Leur vaporisation ne se ferait-elle pas avec une violence dont on ne serait plus maître ? En se substituant à la nature, ne courrait-on pas à quelque catastrophe ? N’allait-on pas provoquer, plus qu’une éruption, un tremblement de terre qui bouleverserait la région et anéantirait le campement avec ceux qui l’occupaient ?

Mais, de ces dangers, personne ne voulait rien voir, et, dès la matinée du 24 juin, le travail fut commencé.