Ce fut sur ce point que se porta toute l’attention de la défense. Si le passage était forcé, si la bande parvenait jusqu’au petit bois et envahissait le campement, tout espoir de résistance serait perdu, et l’avantage resterait au plus grand nombre.
Aucune des balles parties du petit bois n’alla frapper Malone et ses deux compagnons. Bill Stell, voulant à tout prix les empêcher de franchir le barrage, parlait déjà de faire une sortie et d’aller combattre corps à corps.
Ben Raddle l’arrêta. C’eût été dangereusement s’exposer que de vouloir traverser l’espace découvert qui séparait le bois du canal. Ce danger, mieux valait le laisser à Hunter et aux siens, qui le courraient également, lorsque, après avoir dépassé la barricade, ils se précipiteraient vers le campement. Jusque-là, le mieux à faire était de diriger un feu incessant contre le barrage, tout en répondant aux multiples coups de fusil tirés de l’épaulement du canal.
Une dizaine de minutes s’écoulèrent dans ces conditions. Aucun de ceux qui étaient occupés à la barricade n’avait été blessé. Mais, lorsque l’ouverture eut été agrandie, les balles commencèrent à porter.
Un des Indiens fut renversé. Aussitôt, un autre le remplaça qui eut le même sort. Au même instant, une balle, envoyée par Neluto, atteignit Malone en pleine poitrine. Le Texien tomba, et sa chute provoqua un cri terrible de toute la bande.
« Bien, bien, dit Summy Skim à Neluto posté près de lui. Fameux coup ! celui-là !.. Mais laisse-moi Hunter, mon garçon ! »
Celui-ci, après la chute de Malone, parut renoncer à une attaque qui ne pouvait décidément réussir. Dans ces conditions, les assaillants finiraient par se faire tuer l’un après l’autre jusqu’au dernier. Ne voulant pas exposer ses hommes davantage, il donna le signal de la retraite, et la bande, emportant ses blessés sous la fusillade qui salua sa fuite, reprit le chemin de la plaine et disparut au tournant du Golden Mount.