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les enfants

Cook, pendant son troisième voyage, visita encore ces terres qu’il affectionnait particulièrement et dont il tenait à compléter le levé hydrographique. Il les quitta pour la dernière fois le 25 février 1777.

En 1791, Vancouver fit une relâche de vingt jours à la baie Sombre, sans aucun profit pour les sciences naturelles ou géographiques. D’Entrecasteaux, en 1793, releva vingt-cinq milles de côtes dans la partie septentrionale d’Ika-Na-Maoui. Les capitaines de la marine marchande, Hausen et Dalrympe, puis Baden, Richardson, Moody, y firent une courte apparition, et le docteur Savage, pendant un séjour de cinq semaines, recueillit d’intéressants détails sur les mœurs des Néo-Zélandais.

Ce fut cette même année, en 1805, que le neveu du chef de Rangui-Hou, l’intelligent Doua-Tara, s’embarqua sur le navire l’Argo, mouillé à la Baie des Îles et commandé par le capitaine Baden.

Peut-être les aventures de Doua-Tara fourniront-elles un sujet d’épopée à quelque Homère maori. Elles furent fécondes en désastres, en injustices, en mauvais traitements. Manque de foi, séquestration, coups et blessures, voilà ce que le pauvre sauvage reçut en échange de ses bons services. Quelle idée il dut se faire de gens qui se disent civilisés ! On l’emmena à Londres. On en fit un matelot de la dernière classe, le souffre-douleur des équipages. Sans le révérend Marsden, il fût mort à la peine. Ce missionnaire s’intéressa au jeune sauvage, auquel il reconnut un jugement sûr, un caractère brave, des qualités merveilleuses de douceur, de grâce et d’affabilité. Marsden fit obtenir à son protégé quelques sacs de blé et des instruments de culture destinés à son pays. Cette petite pacotille lui fut volée. Les malheurs, les souffrances accablèrent de nouveau le pauvre Doua-Tara jusqu’en 1814, où on le retrouve enfin rétabli dans le pays de ses ancêtres. Il allait alors recueillir le fruit de tant de vicissitudes, quand la mort le frappa à l’âge de vingt-huit ans, au moment où il s’apprêtait à régénérer cette sanguinaire Zélande. La civilisation se trouva sans doute retardée de longues années par cet irréparable malheur. Rien ne remplace un homme intelligent et bon, qui réunit dans son cœur l’amour du bien à l’amour de la patrie !

Jusqu’en 1816, la Nouvelle-Zélande fut délaissée. À cette époque Thompson, en 1817 Lidiard Nicholas, en 1819 Marsden, parcoururent diverses portions des deux îles, et, en 1820, Richard Cruise, capitaine au quatre-vingt-quatrième régiment d’infanterie, fit un séjour de dix mois qui valut à la science de sérieuses études sur les mœurs indigènes.

En 1824, Duperrey, commandant la Coquille, relâcha à la Baie des Îles pendant quinze jours, et n’eut qu’à se louer des naturels.

Après lui, en 1827, le baleinier anglais Mercury dut se défendre contre