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du capitaine grant.

Mangles vit que le naufrage avait eu lieu à l’ouvert de la baie d’Aotea, au-dessus de la pointe Cahua, sur les rivages de la province d’Auckland. La ville d’Auckland étant située sur le trente-septième parallèle, le Macquarie avait été rejeté d’un degré dans le sud. Il devrait donc remonter d’un degré pour atteindre la capitale de la Nouvelle-Zélande.

« Ainsi, dit Glenarvan, un trajet de vingt-cinq milles tout au plus. Ce n’est rien.

— Ce qui n’est rien sur mer sera long et pénible sur terre, répondit Paganel.

— Aussi, répondit John Mangles, ferons-nous tout ce qui est humainement possible pour renflouer le Macquarie. »

Le point établi, les opérations furent reprises. À midi un quart, la mer était pleine. John ne put en profiter, puisque ses ancres n’étaient pas encore mouillées. Mais il n’en observa pas moins le Macquarie avec une certaine anxiété. Flotterait-il sous l’action du flot ? La question allait se décider en cinq minutes.

On attendit. Quelques craquements eurent lieu ; ils étaient produits, sinon par un soulèvement, au moins par un tressaillement de la carène. John conçut le bon espoir pour la marée suivante, mais en somme le brick ne bougea pas.

Les travaux continuèrent. À deux heures, le radeau était prêt. L’ancre à jet y fut embarquée. John et Wilson l’accompagnèrent, après avoir amarré un grelin sur l’arrière du navire. Le jusant les fit dériver, et ils mouillèrent à une demi-encablure par dix brasses de fond. La tenue était bonne et le radeau revint à bord.

Restait la grosse ancre de bossoir. On la descendit, non sans difficultés. Le radeau recommença l’opération, et bientôt cette seconde ancre fut mouillée en arrière de l’autre, par un fond de quinze brasses. Puis, se halant sur le câble, John et Wilson retournèrent au Macquarie.

Le câble et le grelin furent garnis au guindeau, et on attendit la prochaine pleine mer, qui devait se faire sentir à une heure du matin. Il était alors six heures du soir.

John Mangles complimenta ses matelots, et fit entendre à Paganel que, le courage et la bonne conduite aidant, il pourrait devenir un jour quartier-maître.

Cependant, Mr. Olbinett, après avoir aidé aux diverses manœuvres, était retourné à la cuisine. Il avait préparé un repas réconfortant qui venait à propos. Un rude appétit sollicitait l’équipage. Il fut pleinement satisfait, et chacun se sentit refait pour les travaux ultérieurs.

Après le dîner, John Mangles prit les dernières précautions qui devaient