Page:Verne - Les Enfants du capitaine Grant.djvu/550

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
542
les enfants

— Surveillez les sauvages au dehors, » reprit Robert.

Mulrady, un moment distrait par l’apparition de l’enfant, reprit son poste d’observation.

« Tout va bien, dit-il. Il n’y a plus que quatre guerriers qui veillent. Les autres sont endormis.

— Courage ! » répondit Wilson.

En un instant, le trou fut agrandi, et Robert passa des bras de sa sœur dans les bras de lady Helena. Autour de son corps était roulée une longue corde de phormium.

« Mon enfant, mon enfant, murmurait la jeune femme, ces sauvages ne t’ont pas tué !

— Non, madame, répondit Robert. Je ne sais comment, pendant le tumulte, j’ai pu me dérober à leurs yeux ; j’ai franchi l’enceinte ; pendant deux jours, je suis resté caché derrière des arbrisseaux ; j’errais la nuit ; je voulais vous revoir. Pendant que toute la tribu s’occupait des funérailles du chef, je suis venu reconnaître ce côté du retranchement où s’élève la prison, et j’ai vu que je pourrais arriver jusqu’à vous. J’ai volé dans une hutte déserte ce couteau et cette corde. Les touffes d’herbes, les branches d’arbustes m’ont servi d’échelle ; j’ai trouvé par hasard une espèce de grotte creusée dans le massif même où s’appuie cette hutte ; je n’ai eu que quelques pieds à creuser dans une terre molle, et me voilà. »

Vingt baisers muets furent la seule réponse que put obtenir Robert.

« Partons ! dit-il d’un ton décidé.

— Paganel est en bas ? demanda Glenarvan.

— Monsieur Paganel ? répondit l’enfant, surpris de la question.

— Oui, il nous attend ?

— Mais non, mylord. Comment, monsieur Paganel n’est pas ici ?

— Il n’y est pas, Robert, répondit Mary Grant.

— Quoi ? Tu ne l’as pas vu ? demanda Glenarvan. Vous ne vous êtes pas rencontrés dans ce tumulte ? Vous ne vous êtes pas échappés ensemble ?

— Non, mylord, répondit Robert, atterré d’apprendre la disparition de son ami Paganel.

— Partons, dit le major, il n’y a pas une minute à perdre. En quelque lieu que soit Paganel, il ne peut pas être plus mal que nous ici. Partons ! »

En effet, les moments étaient précieux. Il fallait fuir. L’évasion ne présentait pas de grandes difficultés, si ce n’est sur une paroi presque perpendiculaire en dehors de la grotte, et pendant une vingtaine de pieds seulement. Puis, après, le talus offrait une descente assez douce jusqu’au bas de la montagne. De ce point, les captifs pouvaient gagner rapidement les vallées inférieures, tandis que les Maoris, s’ils venaient à s’apercevoir