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la mer de corail.

de navires s’y sont perdus corps et biens. Il conviendrait vraiment qu’elle fût balisée à l’exemple des baies de l’Amérique ou de l’Europe. Pendant la nuit du 10 juin 1770, malgré l’avantage d’un bon vent et d’un brillant clair de lune, l’illustre Cook faillit y faire naufrage.

Il fallait espérer que M. Gibson ne se mettrait pas en perdition. La coque de son brick ne s’ouvrirait pas sur une de ces pointes, et, comme l’avait fait le navigateur anglais, il n’en serait pas réduit à passer une voile sous sa quille pour aveugler une voie d’eau. Toutefois, l’équipage dut apporter jour et nuit la plus extrême attention afin de parer les écueils. À cette époque, grâce à des études hydrographiques faites avec une certaine précision, on pouvait se fier aux cartes du bord. En outre, Harry Gibson n’en était pas à sa première navigations travers la mer de Corail, et il en connaissait tous les dangers.

Karl Kip lui-même avait déjà fréquenté ces difficiles parages, soit que son navire eût été chercher par l’est l’entrée du détroit de Torrès, soit qu’il en fût sorti en quittant la mer des Alfouras pendant ses campagnes en extrême Orient. La surveillance ne ferait pas défaut à bord du brick.

En somme, le temps favorisait la traversée du James-Cook, et il filait rapidement sous