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appareils du capitaine boyton.

— Compagnie d’assurances sur la vie…

— Capital de garantie : vingt millions de dollars…

— Et nous espérons bien…

— Qu’elle n’aura rien à vous devoir ! »

Au fond, Kin-Fo était très touché du dévouement dont les deux agents avaient fait preuve envers lui, quel qu’en fût le mobile. Aussi ne leur cacha-t-il point ses sentiments à leur égard.

« Nous reparlerons de tout ceci, ajouta-t-il, lorsque Lao-Shen m’aura rendu la lettre dont Wang s’est si fâcheusement dessaisi ! »

Craig et Fry se regardèrent. Un sourire imperceptible se dessina sur leurs lèvres. Ils avaient évidemment eu la même pensée.

« Soun ? dit Kin-Fo.

— Monsieur ?

— Le thé ?

— Voilà ! » répondit Fry.

Et Fry eut raison de répondre, car de faire du thé dans ces conditions, Soun eût répondu que cela était absolument impossible.

Mais croire que les deux agents fussent embarrassés pour si peu, c’eût été ne pas les connaître.

Fry tira donc du sac un petit ustensile, qui est le complément indispensable des appareils Boyton. En effet, il peut servir de fanal quand il fait nuit, de foyer quand il fait froid, de fourneau lorsqu’on veut obtenir quelque boisson chaude.

Rien de plus simple, en vérité. Un tuyau de cinq à six pouces, relié à un récipient métallique, muni d’un robinet supérieur et d’un robinet inférieur, — le tout encastré dans une plaque de liège, à la façon de ces thermomètres flottants qui sont en usage dans les maisons de bains, — tel est l’appareil en question.

Fry posa cet ustensile à la surface de l’eau, qui était parfaitement unie.

D’une main, il ouvrit le robinet supérieur, de l’autre le robinet inférieur, adapté au récipient immergé.

Aussitôt une belle flamme fusa à l’extrémité, en dégageant une chaleur très appréciable.

« Voilà le fourneau ! » dit Fry.

Soun n’en pouvait croire ses yeux.

« Vous faites du feu avec de l’eau ? s’écria-t-il.