— Oui.
— Les risques de condamnation judiciaire ?
— Oui.
— Les risques de duel ?
— Oui.
— Les risques de service militaire ?
— Oui.
— Alors les surprimes seront fort élevées ?
— Je paierai ce qu’il faudra.
— Soit.
— Mais, ajouta Kin-Fo, il y a un autre risque très important, dont vous ne parlez pas.
— Lequel ?
— Le suicide. Je croyais que les statuts de la Centenaire l’autorisaient à assurer aussi le suicide ?
— Parfaitement, monsieur, parfaitement, répondit William J. Bidulph, qui se frottait les mains. C’est même là une source de superbes bénéfices pour nous ! Vous comprenez bien que nos clients sont généralement des gens qui tiennent à la vie, et que ceux qui, par une prudence exagérée, assurent le suicide, ne se tuent jamais.
— N’importe, répondit Kin-Fo. Pour des raisons personnelles, je désire assurer aussi ce risque.
— À vos souhaits, mais la prime sera considérable !
— Je vous répète que je paierai ce qu’il faudra.
— Entendu. — Nous disons donc, dit William J. Bidulph, en continuant d’écrire sur son carnet, risques de mer, de voyage, de suicide…
— Et, dans ces conditions, quel sera le montant de la prime à payer ? demanda Kin-Fo.
— Mon cher monsieur, répondit l’agent principal, nos primes sont établies avec une justesse mathématique, qui est tout à l’honneur de la Compagnie. Elles ne sont plus basées, comme elles l’étaient autrefois, sur les tables de Duvillars… Connaissez-vous Duvillars ?
— Je ne connais pas Duvillars.
— Un statisticien remarquable, mais déjà ancien… tellement ancien, même, qu’il est mort. À l’époque où il établit ses fameuses tables, qui servent encore à l’échelle, de primes de la plupart des compagnies européennes, très arriérées,