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les tribulations d’un chinois en chine

Et voilà pour quelles raisons majeures Craig et Fry tentèrent de se mettre en relation avec Soun. Or, Soun n’était pas plus homme à résister à l’appât séduisant des taëls qu’à l’offre courtoise de quelques verres de liqueurs américaines.

Craig-Fry surent donc par Soun tout ce qu’ils avaient intérêt à savoir, ce qui se réduisait à ceci : Kin-Fo avait-il changé quoi que ce soit à sa manière de vivre ?

Non, si ce n’est peut-être qu’il rudoyait moins son fidèle valet, que les ciseaux chômaient au grand avantage de sa queue, et que le rotin chatouillait moins souvent ses épaules.

Kin-Fo avait-il à sa disposition quelque arme destructive ?

Point, car il n’appartenait pas à la respectable catégorie des amateurs de ces outils meurtriers.

Que mangeait-il à ses repas ?

Quelques plats simplement préparés, qui ne rappelaient en rien la fantaisiste cuisine des Célestials.

À quelle heure se levait-il ?

Dès la cinquième veille, au moment où l’aube, à l’appel des coqs, blanchissait l’horizon.

Se couchait-il de bonne heure ?

À la deuxième veille, comme il avait toujours eu l’habitude de le faire, à la connaissance de Soun.

Paraissait-il triste, préoccupé, ennuyé, fatigué de la vie ?

Ce n’était point un homme positivement enjoué. Oh non ! Cependant depuis quelques jours, il semblait prendre plus de goût aux choses de ce monde. Oui ! Soun le trouvait moins indifférent, comme un homme qui attendrait… quoi ? Il ne pouvait le dire.

Enfin, son maître possédait-il quelque substance vénéneuse dont il aurait pu faire emploi ?

Il n’en devait plus avoir, car, le matin même, on avait jeté par son ordre, dans le Houang-Pou, une douzaine de petits globules, qui devaient être de qualité malfaisante.

En vérité, dans tout ceci, il n’y avait rien qui fût de nature à alarmer l’agent principal de la Centenaire. Non ! jamais le riche Kin-Fo, dont personne d’ailleurs, Wang excepté, ne connaissait la situation, n’avait paru plus heureux de vivre.