« Eh bien, dit alors l’agent de la compagnie d’assurances, il y a une chose très simple à faire !
— Laquelle ?
— Il faut prévenir le sieur Wang que tout est rompu et lui reprendre cette lettre compromettante qui…
— C’est plus aisé à dire qu’à faire, répliqua Kin-Fo. Wang a disparu depuis hier, et nul ne sait où il est allé.
— Humph ! » fit l’agent principal, dont cette interjection dénotait l’état perplexe.
Il regardait attentivement son client.
« Et maintenant, cher monsieur, vous n’avez plus aucune envie de mourir ? lui demanda-t-il.
— Ma foi, non, répondit Kin-Fo. Le coup de la Centrale Banque Californienne a presque doublé ma fortune, et je vais tout bonnement me marier ! Mais je ne le ferai qu’après avoir retrouvé Wang, ou lorsque le délai convenu sera bel et bien expiré.
— Et il expire ?…
— Le 25 juin de la présente année. Pendant ce laps de temps, la Centenaire court des risques considérables. C’est donc à elle de prendre ses mesures en conséquence.
— Et à retrouver le philosophe », répondit l’honorable William J. Bidulph.
L’agent se promena pendant quelques instants, les mains derrière le dos ; puis :
« Eh bien, dit-il, nous le retrouverons, cet ami à tout faire, fût-il caché dans les entrailles du globe ! Mais, jusque-là, monsieur, nous vous défendrons contre toute tentative d’assassinat, comme nous vous défendions déjà contre toute tentative de suicide !
— Que voulez-vous dire ? demanda Kin-Fo.
— Que, depuis le 30 avril dernier, jour où vous avez signé votre police d’assurance, deux de mes agents ont suivi vos pas, observé vos démarches, épié vos actions !
— Je n’ai point remarqué…
— Oh ! ce sont des gens discrets ! Je vous demande la permission de vous les présenter, maintenant qu’ils n’auront plus à cacher leurs agissements, si ce n’est vis-à-vis du sieur Wang.
— Volontiers, répondit Kin-Fo.