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PREMIER VOYAGE DU CAPITAINE COOK.

d’herbes flottantes, oiseaux de terre, annoncèrent le voisinage d’une île ou d’un continent. Le 5 octobre, l’eau changea de couleur, et, le 6 au matin, on aperçut une grande côte qui courait à l’ouest quart nord-ouest. À mesure qu’on s’en approchait, elle paraissait plus considérable. De l’avis unanime, ce fameux continent, depuis si longtemps cherché et déclaré nécessaire pour faire contrepoids au reste du monde, d’après les cosmographes, la Terra australis incognita, était enfin découverte. C’était la côte orientale de la plus septentrionale des deux îles qui ont reçu le nom de Nouvelle-Zélande.

On ne tarda pas à apercevoir de la fumée qui s’élevait de différents points du rivage, dont on discerna bientôt tous les détails. Les collines étaient couvertes de bois, et, dans les vallées, on distinguait de très gros arbres. Ensuite apparurent des maisons petites, mais propres, des pirogues, puis des naturels, assemblés sur la grève. Enfin, sur une petite éminence, on aperçut une palissade haute et régulière qui enfermait tout le sommet de la colline. Les uns voulurent y voir un parc à daims, les autres un enclos à bestiaux, sans compter nombre de suppositions aussi ingénieuses, mais qui toutes furent reconnues fausses, lorsqu’on sut plus tard ce qu’était un « i-pah ».

Le 8, vers les quatre heures de l’après-midi, l’ancre fut jetée dans une baie à l’embouchure d’une petite rivière. De chaque côté, de hautes roches blanches ; au milieu, un sol brun qui se relevait par degrés et paraissait, par une succession de croupes étagées, rejoindre une grande chaîne de montagnes, qui semblait fort loin dans l’intérieur ; tel était l’aspect de cette partie de la côte.

Cook, Banks et Solander se jetèrent dans deux embarcations, montées par un détachement de l’équipage. Lorsqu’ils approchèrent de l’endroit où les naturels étaient rassemblés, ceux-ci prirent la fuite. Cela n’empêcha pas les Anglais de débarquer en laissant quatre mousses à la garde d’une des embarcations, tandis que l’autre restait au large.

À peine étaient-ils à quelque distance de la chaloupe, que quatre hommes, armés de longues lances, sortirent des bois et se précipitèrent pour s’en emparer. Ils y seraient arrivés facilement, si l’équipage de l’embarcation, restée au large, ne les avait aperçus et n’eût crié aux mousses de se laisser entraîner par le courant. Ceux-ci furent poursuivis de si près, que le maître de la pinasse dut tirer un coup de fusil au-dessus de la tête des indigènes. Après s’être arrêtés un instant, les naturels reprirent leur poursuite, lorsqu’un second coup de feu étendit l’un d’eux mort sur place. Ses compagnons essayèrent, un instant, de l’emporter avec eux, mais ils durent l’abandonner pour ne pas retarder leur fuite. Au bruit des détonations, les officiers débarqués regagnèrent le vaisseau.