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Page:Verne - Les grands navigateurs du XVIIIe siècle, 1879.djvu/425

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L’ASIE ET SES PEUPLES.

qu’il espérait que l’harmonie serait toujours maintenue entre leurs sujets respectifs. »

Après quelques minutes d’entretien particulier avec l’ambassadeur, l’empereur lui fit, ainsi qu’au ministre plénipotentiaire, divers présents. Puis ces dignitaires furent conduits sur des coussins devant lesquels se trouvaient des tables couvertes d’une pyramide de bols contenant une grande quantité de viandes et de fruits. L’empereur mangea aussi et accabla, pendant tout ce temps, les ambassadeurs de témoignages d’estime et de prévenances, qui étaient destinés à singulièrement relever le gouvernement anglais dans l’opinion publique. Bien plus, Macartney et sa suite furent invités à visiter les jardins de Zhé-Hol. Pendant leur promenade, les Anglais rencontrèrent l’empereur, qui s’arrêta pour recevoir leurs salutations et les fit accompagner par son premier ministre, que tout le monde considérait comme un vice-empereur, et par plusieurs autres grands personnages.

Ces Chinois prirent la peine de conduire l’ambassadeur et sa suite à travers de vastes terrains plantés pour l’agrément et ne formant qu’une partie de ces immenses jardins. Le reste était réservé aux femmes de la famille impériale, et l’entrée en était aussi rigoureusement interdite aux ministres chinois qu’à l’ambassade anglaise.

Macartney parcourut ensuite une vallée verdoyante, dans laquelle il y avait beaucoup d’arbres et surtout des saules d’une prodigieuse grosseur. L’herbe était abondante entre ces arbres, et ni le bétail ni le faucheur n’en diminuaient la vigoureuse croissance. Les ministres chinois et les Anglais, étant arrivés sur les bords d’un vaste lac, de forme irrégulière, s’embarquèrent dans des yachts et parvinrent jusqu’à un pont qui traversait le lac dans sa partie la plus étroite et au delà duquel il semblait se perdre dans un éloignement très obscur.

Quelques jours plus tard, le 17 septembre, Macartney et sa suite assistèrent à la cérémonie qui eut lieu à l’occasion de l’anniversaire de la naissance de l’empereur. Le lendemain et les jours suivants, eurent lieu des fêtes splendides auxquelles Tchien-Lung assista avec toute sa cour. Les danseurs de corde, les équilibristes, les faiseurs de tours, dont l’habileté fut si longtemps sans rivale, les lutteurs, se succédèrent ; puis parurent des habitants des diverses contrées de l’empire dans leurs costumes nationaux, exhibant les différentes productions de leur pays. Ce fut ensuite le tour des musiciens et des danseurs et enfin, des feux d’artifice, qui, quoique tirés en plein jour, firent un très bel effet.

« Quelques inventions étaient nouvelles pour les spectateurs anglais, dit la