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et de trois

» Fort bien, mais, en admettant que les perturbations observées soient produites par le passage d’un submersible système Lake, même poussé à un plus haut degré de perfection, reste toujours cette question : Comment a-t-il pu pénétrer dans le Kirdall, par quelle voie souterraine y serait-il arrivé ?… On le répète, ce lac, enfermé de toutes parts dans un cirque de montagnes, n’est pas plus accessible au bateau qu’au monstre marin.

» Une telle objection paraît donc être sans réplique. Cependant, la seule hypothèse admissible, c’est qu’un appareil de cette espèce circule sous les eaux du Kirdall, et ajoutons qu’il ne s’est jamais montré à sa surface.

» Du reste, il n’est plus possible d’en douter maintenant, après ce qui s’est passé à la date du 20 juin dernier.

» Ce jour-là, l’après-midi, la goélette Markel, courant toutes voiles dehors vers le nord-ouest, est venue en collision avec un corps qui flottait entre deux eaux. Cependant, il n’existe aucun écueil en cet endroit, où la sonde accuse une profondeur de quatre-vingts à quatre-vingt-dix pieds.

» La goélette, attaquée dans son flanc de bâbord, risquait d’emplir et de couler bas en quelques minutes. On parvint, c’est vrai, à aveugler cette voie d’eau et elle put rallier le port le plus voisin, à trois milles de là.

» Lorsque la Markel, après déchargement, eut été halée sur une grève, l’avarie fut examinée à l’extérieur comme à l’intérieur, et tout démontra que la goélette avait reçu un véritable coup d’éperon dans sa coque.

» Or, cette constatation faite, il est impossible de nier la présence d’un sous-marin sous les eaux du Kirdall, où il se meut avec une extrême rapidité.

» Mais, alors, il y a lieu de faire cette remarque : En admettant qu’un appareil de ce genre ait pu s’introduire à l’intérieur du lac,