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mathias sandorf.

« Et ces cinq dernières lettres ? s’écria-t-il.

— Une signature convenue ! répondit Silas Toronthal.

— Enfin, nous les tenons !…

— Mais la police ne les tient pas encore !

— Cela me regarde !

— Vous agirez dans le plus grand secret ?

— C’est mon affaire, répondit Sarcany. Le gouverneur de Trieste sera seul à connaître les noms des deux honnêtes patriotes, qui auront arrêté à son début une conspiration contre le royaume d’Autriche ! »

Et, en parlant ainsi, par son ton, par son geste, ce misérable ne laissait que trop voir quel sentiment d’ironie lui dictait de telles paroles.

« Alors je n’aurai plus à m’occuper de rien ? demanda froidement le banquier.

— De rien, répondit Sarcany, si ce n’est de toucher votre part de bénéfice dans l’affaire !

— Quand ?

— Quand seront tombées trois têtes, qui nous vaudront plus d’un million chacune. »

Silas Toronthal et Sarcany se séparèrent. S’ils voulaient bénéficier du secret que le hasard leur avait livré, en dénonçant les conspirateurs avant que la conspiration n’eût éclaté, ils devaient faire diligence.