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mathias sandorf.

Puis les voix s’éteignirent, et le bruit d’une porte, qui se refermait, se fit entendre.

« Sarcany !… Silas Toronthal ! s’écria le comte Sandorf. Eux !… Ce sont eux ! »

Il regardait ses deux amis, tout pâle. Son cœur avait cessé un instant de battre sous l’étreinte d’un spasme. Ses pupilles effroyablement dilatées, son cou raide, sa tête comme retirée entre les épaules, tout indiquait en cette énergique nature une colère effroyable, poussée aux dernières limites.

« Eux !… les misérables !… eux ! » répétait-il avec une sorte de rugissement.

Enfin, il se redressa, il regarda autour de lui, il parcourut à grands pas la cellule.

« Fuir !… Fuir !… criait-il. Il faut fuir ! »

Et cet homme, qui allait marcher courageusement à la mort, quelques heures plus tard, cet homme, qui n’avait même pas songé à disputer sa vie, cet homme n’eut plus qu’une pensée maintenant : vivre, et vivre pour punir ces deux traîtres, Toronthal et Sarcany !

« Oui ! se venger ! s’écrièrent Étienne Bathory et Ladislas Zathmar.

— Se venger ? Non !… Faire justice ! »

Tout le comte Sandorf était dans ces mots.