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mathias sandorf.

gouffre inconnu n’eût été ouvert sous les pieds des fugitifs. Nuit noire, on ne serait pas vu. Nuit bruyante, on ne serait pas entendu.

Ainsi que l’avait immédiatement reconnu le comte Sandorf, la fuite n’était possible que par la fenêtre de la cellule. De forcer la porte, d’entamer ses fortes parois de chêne, bardées de ferrures, il n’y fallait point songer. D’ailleurs, le pas d’une sentinelle résonnait sur les dalles du couloir. Et puis, la porte franchie, comment se diriger à travers le labyrinthe de la forteresse ? Comment en dépasser la herse et le pont-levis, que des postes de soldats devaient sévèrement garder ? Au moins du côté du Buco, il n’y avait point de sentinelle. Mais le Buco défendait mieux cette face du donjon que ne l’eût fait un cordon de factionnaires.

Le comte Sandorf s’occupa donc uniquement de reconnaître si la fenêtre pourrait leur livrer passage.

Cette fenêtre mesurait environ trois pieds et demi de hauteur sur deux pieds de largeur. Elle s’évasait à travers la muraille, dont l’épaisseur, en cet endroit, pouvait être estimée à quatre pieds. Un solide croisillon de fer la condamnait. Il était engagé dans les parois, presque à l’affleurement intérieur. Point de ces hottes en bois, qui ne permettent à la lumière de n’arriver que par le haut. C’eût été inutile, puis-