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mathias sandorf.

connaissance. Aussi, son premier soin fut-il de s’assurer qu’Étienne Bathory ne pouvait glisser du tronc d’arbre. Par surcroît de précaution, d’ailleurs, il se plaça derrière lui, de manière à pouvoir le soutenir. Ainsi posé, il regardait en avant. Pour le cas où quelque lueur du jour pénétrerait dans la caverne, il serait à même de l’apercevoir et d’observer l’état des eaux à leur sortie d’aval. Mais rien n’indiquait qu’il fût près d’atteindre l’issue de cet interminable canal.

Cependant, la situation des fugitifs s’était quelque peu améliorée. Ce tronc d’arbre mesurait une dizaine de pieds dans sa longueur, et ses racines, en s’appuyant sur les eaux, devaient faire obstacle à ce qu’il se retournât brusquement. À moins de chocs violents, sa stabilité paraissait assurée, malgré les dénivellations de la masse liquide. Quant à sa vitesse, elle ne pouvait pas être estimée à moins de trois lieues à l’heure, étant égale à celle du torrent qui l’entraînait.

Mathias Sandorf avait repris tout son sang-froid. Il essaya alors de ranimer son compagnon, dont la tête reposait sur ses genoux. Il s’assura que son cœur battait toujours, mais qu’il respirait à peine. Il se pencha sur sa bouche pour insuffler un peu d’air à ses poumons. Peut-être les premières